Oui, on peut guérir et prévenir la maladie d'Alzheimer
Un test génétique m'a appris que j'avais jusqu'à 90% de risque de mourir de la maladie d'Alzheimer. Pourtant, je reste (plutôt) serein. Grâce aux travaux du Dr Bredesen. Explications, et récit.
En souvenir de mon papa, 1943 - 2024.
(Si ce billet est trop long pour être contenu dans un mail, venez lire la fin sur le site)
Le petit bonobo du Zoo de Berlin
C’est un souvenir que j’aimerais beaucoup ne pas oublier.
Je veux parler de mon papa, au Zoo de Berlin, dans le pavillon des primates, avec le petit bonobo, en décembre 2023.
Mon père, 80 ans révolus, s’était mis en tête de jouer à “peekaboo” (“coucou”, en français) avec un tout petit bonobo (ne vous inquiétez pas si vous ne visualisez pas la scène, vous comprendrez plus tard).
J’avoue que j’ai commencé par lever les yeux au ciel. Je ne pensais pas que ça marcherait. Pas trop soucieux toutefois du regard porté par les autres visiteurs sur ce vieux bonhomme excentrique, et connaissant le goût pour l’expérimentation de mon père, je l’ai regardé faire avec curiosité, sans trop y croire.
J’oubliais que mon père avait toujours été un excellent communicateur animalier. Après tout, il avait apprivoisé, alors qu’il était jeune homme, un grand corbeau qui lui lissait amoureusement les sourcils avec son bec… Il savait s’y prendre. Et en effet, miracle : le petit bonobo, tout excité et tout heureux de trouver enfin un visiteur rigolo, s’est pris au jeu, et a joué à “coucou” avec enthousiasme avec mon père, au milieu des enfants épatés.
J’ai essayé d’immortaliser la scène en vidéo. Malgré l’absence de son et la mauvaise qualité des images, le document prouve sans l’ombre d’un doute que mon père avait réussi son coup. On y voit deux grands primates, séparés par quelques décennies et une différence de pilosité marquée, mais réunis par le plaisir de jouer ensemble au point d’en oublier la vitre qui les séparait et les regards amusés des autres primates qui assistaient à la scène.
Nous n’étions pas à Berlin pour visiter le zoo.
Quelques mois auparavant, mon père avait vécu quelques moments d’absence et de confusion. Ce n’était pas complètement inattendu pour un homme de son âge, mais cela nous avait tous un peu alarmés. Pour des raisons que vous comprendrez plus tard, nous avions donc décidé de rendre visite à une spécialiste du déclin cognitif pour effectuer tous les deux (moi aussi, donc, autant par curiosité que par solidarité) une batterie de tests. A Berlin. L’occasion pour mon père et moi-même de passer un très beau week-end ensemble et de faire ami-ami avec un bonobo.
Par rapport aux personnes APOE3/3, les plus chanceuses, nous avions donc un risque 10x plus élevé de contracter la maladie d’Alzheimer.
La batterie de tests incluait un test génétique. Il allait révéler, à notre grande surprise compte tenu de la quasi absence d’antécédents familiaux, que nous étions tous les deux porteurs homozygotes APOE4/E4. Ce profil génétique constitue l’un des facteurs de risques les mieux connus pour la maladie d’Alzheimer. Par rapport aux personnes APOE3/3, les plus chanceuses, majoritaires dans la population, nous avions donc un risque au moins 10x plus élevé de contracter la maladie d’Alzheimer.
10x plus, ça fait beaucoup (je n’ai sagement pas trop creusé la question, mais le pourcentage de risque d’en mourir pour les gens comme nous semble se situer entre 75% et 90% selon les sources). Puisqu’on aborde le sujet de l’article avec cette question d’APOE 4/4, permettez-moi de laisser pour l’instant le bonobo et mon papa dans leur zoo berlinois, au chaud dans mes souvenirs.
Nous y reviendrons à la fin de ce billet.
Une maladie incurable, des traitements chers et inefficaces
Vous n’avez sans doute pas la moindre idée de votre propre profil APOE. Et c’est normal. Le test qui permet de le connaître n’est ni recommandé par les médecins, ni remboursé par les assurances. La justification pour ce manque d’intérêt est évidente: à quoi bon savoir si l’on est plus à risque d’Alzheimer, puisqu’on ne peut rien faire contre cette maladie ?
Le consensus médical est en effet particulièrement démoralisant. Une fois la maladie diagnostiquée, les traitements envisageables sont, en gros (prenez garde aux italiques) :
les inhibiteurs de la cholinestérase, qui peuvent améliorer temporairement la mémoire;
la mémantine, qui agit sur le glutamate pour limiter la dégénérescence;
et les médicaments ciblant la béta-amyloide qui peuvent ralentir la progression de la maladie (si on a la chance d’éviter les effets secondaires, notamment les œdèmes cérébraux).
Concernant cette dernière catégorie de traitements, longtemps jugés prometteurs, il faut noter que l’hypothèse amyloïde, qui postule que l'accumulation de peptides bêta-amyloïdes dans le cerveau est une cause centrale de la maladie d'Alzheimer, a été ébranlée par des allégations de fraude scientifique.
Pour résumer, il est question, au mieux, de “ralentir”, “limiter”, “améliorer temporairement” la progression de la maladie, en priant pour ne pas se faire d’œdèmes cérébraux à cause de médicaments risqués hors de prix dont l’efficacité supposée repose en plus sur une fraude probable.
En 2022, une enquête menée par la revue Science a mis en lumière des suspicions de manipulation d'images dans des publications du neuroscientifique Sylvain Lesné, notamment une étude de 2006 suggérant qu'un oligomère spécifique, Aβ*56, était responsable des déficits de mémoire associés à la maladie. Cette révélation a conduit à une rétractation de l'étude en 2024, et d'autres travaux font actuellement l'objet d'enquêtes.
Pour résumer, il est question, au mieux, de ralentir, limiter, améliorer temporairement la progression de la maladie, en priant pour ne pas se faire d’œdèmes cérébraux à cause de médicaments risqués hors de prix dont l’efficacité supposée repose sur une fraude probable.
Pas de quoi espérer beaucoup.
Dans ce contexte, il est normal de penser qu’un test génétique n’a pas beaucoup de sens, puisqu’on ne peut pas guérir. Et donc, la question se pose: qu’est-ce que mon père, moi-même (et le bonobo) étions venus faire à Berlin ?
C’est là qu’il nous faut parler du héros de l’histoire, le Dr Dale Bredesen.
Un expert reconnu
Commençons par son CV. Dr. Dale Bredesen est un neurologue de renommée internationale, reconnu pour son expertise dans les mécanismes des maladies neurodégénératives telles que la maladie d'Alzheimer. Sur le plan académique, il a occupé des postes de professeur à l'UCSF, à l'UCLA et à l'Université de Californie à San Diego. Il a également dirigé le programme sur le vieillissement au Burnham Institute avant de devenir le président-directeur général et fondateur du Buck Institute en 1998. Auteur de plusieurs centaines de publications revues par les pairs, il est actuellement directeur principal de la santé cérébrale de précision au Pacific Neuroscience Institute et directeur scientifique d'Apollo Health.
Sa conviction ? Non seulement on peut prévenir la maladie d’Alzheimer, mais on peut également en guérir, c’est à dire inverser le cours du déclin cognitif associé à la maladie.
Personne, pas même ses critiques (car il en a) ne conteste son expertise, établie depuis trois décennies, sur ce sujet. Sa conviction ? Non seulement on peut prévenir la maladie d’Alzheimer, mais on peut également en guérir, c’est à dire inverser le cours du déclin cognitif associé à la maladie.
Pas “limiter”, “ralentir”, mais inverser.
Pas “temporairement”, mais de façon permanente.
Ce n’est pas tout de l’affirmer, encore faudrait-il le prouver, me direz-vous.
On y arrive.
Tout commence avec “la patiente zéro”
(extrait du documentaire Memories for Life, traduit par mes soins)
La toute première patiente à avoir testé le protocole mis au point par le Dr Bredesen s'appelle Judy (“Kristin”, dans le premier livre).
C’était il y a plus de 10 ans. Judy allait mal. Alors qu’elle n’avait que 65 ans, elle avait commencé à se perdre en voiture, même sur des trajets connus. Elle n’arrivait plus à organiser ses pensées, et donc à rédiger les rapports que son emploi nécessitait. Elle oubliait les numéros, relisait sans cesse les mêmes pages, appelait ses animaux par les mauvais noms, et cherchait les interrupteurs chez elle.
Elle présentait des signes clairs de déclin cognitif précoce, et un examen rétinien avait confirmé la présence d’amyloïde associée à Alzheimer. Elle avait compris qu’elle suivait la même trajectoire que sa mère, disparue après une lente et terrible descente dans la démence. Concrètement : elle allait perdre la tête, et il n’y avait rien à faire.
Judy a très sérieusement envisagé de mettre fin à ses jours, et l’a avoué à une amie. Celle-ci, horrifiée, l’a persuadée de prendre contact avec ce chercheur dont elle avait lu des publications, et dont l’approche semblait prometteuse. Judy a accepté de le rencontrer, un peu à contrecœur, peut-être par instinct de survie, et a traversé le pays pour rendre visite au Dr Bredesen en Californie.
Elle m’a dit : “Je n'arrive pas à y croire ! Je suis de retour au travail. Je me débrouille très bien. Ma mémoire n'a jamais été aussi bonne depuis 30 ans !"
Lors de leur rencontre au Buck Institute, le Dr Bredesen lui a présenté son approche. Il ne parlait pas d’une maladie monolithique à combattre à coups de molécules, mais d’un équilibre subtil à restaurer. Une maladie causée non par un facteur unique, mais par l’accumulation de déséquilibres biologiques qu’il fallait corriger un par un. Après avoir passé des heures à écouter Bredesen, Judy est repartie avec un plan d’action, basé sur ce qu’elle avait appris durant la longue conversation. Le Dr Bredesen n’était pas clinicien, mais avait pu lui expliquer ce qu’il aurait recommandé à une participante à une étude dans la même situation qu’elle.
Elle ne lui a pas donné de nouvelles pendant plusieurs mois. Je laisse le Dr Bredesen raconter la suite:
“J'étais à la maison avec ma femme et j'ai décroché le téléphone. C'était la femme qui était là il y a trois mois. Elle m’a dit : “Je n'arrive pas à y croire ! Je suis de retour au travail. Je me débrouille très bien. Ma mémoire n'a jamais été aussi bonne depuis 30 ans !"
Judy, sans trop savoir où elle mettait les pieds, s’était lancée. Elle avait suivi le protocole à la lettre. Elle avait retrouvé ses facultés, repris son travail à temps plein, repris le volant sans se perdre, recommencé à retenir les numéros de téléphone. Aujourd’hui, dix ans plus tard, Judy est toujours là, en pleine forme, à passé 75 ans. Elle est même devenue coach pour des personnes dans la même situation que la sienne!
Judy était donc devenue la patiente zéro, montrant qu’une amélioration était possible, et qu’une personne au moins avait réussi à faire mentir les statistiques. Encouragé par cette expérience, le Dr Bredesen a continué à faire ce qu’il savait faire de mieux: de la science. Une anecdote encourageante ne suffisait évidemment pas: il fallait, maintenant, des publications qui montreraient a minima que le cas de Judy n’était pas isolé.
Des publications encourageantes
Il y a eu, pour commencer, en 2014, la publication d’une série de cas: 9 sur 10 des patients Alzheimer présentés, dont Judy, avaient vu leur déclin cognitif s’inverser, durablement, en suivant le programme prescrit. Tous les patients dont la maladie avait causé l’arrêt de l’activité professionnelle avaient pu la reprendre. Une étude de suivi, en 2016, avait confirmé que l’amélioration était durable, et validée par imagerie cérébrale, les auteurs commentant, à juste titre:
"L'ampleur de l'amélioration est sans précédent".
Arrêtons-nous pour prendre pleinement conscience de ce que le Dr Bredesen a accompli: montrer qu'une rémission durable est possible après un diagnostic d'Alzheimer. Pourquoi, me demandez-vous, est-ce que personne n’en parle ? Bonne question.
En 2018, c’est une série de 100 patients qui est publiée, qui confirme une fois de plus la validité de l’approche, et les résultats encourageants. Suit, en 2022, un essai de validation, portant sur 25 patients, préparant le terrain pour la mise en place d’un essai clinique. Tous les critères d’évaluation ont révélé une amélioration, et la volumétrie selon l’IRM s’est aussi améliorée. En 2023, une autre équipe publie également d’excellents résultats, obtenus en suivant la même approche.
Vous aimeriez un essai clinique contrôlé multicentrique ? Il est en cours, et devrait se conclure en octobre 2025. Et le Dr Dale Bredesen a confirmé dans une récente interview que l’évaluation intermédiaire confirmait l’efficacité de son protocole:
"Nous venons de recruter la dernière personne et nous avons effectué une analyse à mi-parcours de l'ensemble de l'essai, qui a révélé une amélioration statistiquement significative chez les patients traités. Dans le groupe témoin, qui reçoit un traitement neurologique standard pour le déclin cognitif, il n'y a pas de différence statistiquement significative, de sorte qu'il y a une nette différence entre les deux sur le plan statistique.”
Un livre, les premiers survivants d’Alzheimer, témoigne du parcours extraordinaire des premiers patients qui ont suivi le protocole du Dr Dale Bredesen et qui, 10 ans plus tard, continuent de pouvoir vivre normalement.
Arrêtons-nous pour prendre pleinement conscience de ce que le Dr Bredesen a accompli: montrer qu'une rémission durable est possible après un diagnostic d'Alzheimer. Pourquoi, me demandez-vous, est-ce que personne n’en parle ? Bonne question. Nous y reviendrons, mais commençons par expliquer en quoi consiste le protocole.
D’abord, savoir s’il y a des fuites…
Le Dr. Bredesen insiste sur le fait qu'Alzheimer n'est pas une maladie à cause unique, nécessitant un traitement unique, mais plutôt une réponse complexe du cerveau à de multiples facteurs de risque et agressions. Il utilise souvent l'analogie d'un « toit qui fuit avec trente-six trous » : il s’agit de prendre en considération tous les facteurs de risque, les “trous”, auxquels le patient est exposé. Une fois identifiés chacun de ces trous, le traitement consistera à les boucher un par un, quand c’est possible.
Dans son premier livre, Bredesen nomme cette analyse des facteurs de risque la “cognoscopie”, par analogie avec la colonoscopie, puisque selon lui, les deux analyses devraient être menées préventivement à partir d’un certain âge, même en l’absence de tout symptôme. Plus on agit tôt, plus les chances sont élevées de prévenir ou d’inverser le déclin cognitif, ce que confirment les séries de cas publiées par Bredesen, où les patients pris en charge à un stade tardif de la progression de la maladie sont ceux pour lesquels il est le plus difficile d’obtenir une rémission.
Le Dr. Bredesen insiste sur le fait qu'Alzheimer n'est pas une maladie à cause unique, nécessitant un traitement unique, mais plutôt une réponse complexe du cerveau à de multiples facteurs de risque et agressions.
Il serait trop long de présenter dans le détail ici les analyses prévues par la cognoscopie. Elle comprend un ensemble d'analyses sanguines ciblant notamment l'inflammation (hs-CRP), les niveaux hormonaux et de nutriments (vitamine D, B12, hormones thyroïdiennes), les toxines (métaux lourds, mycotoxines), et la résistance à l'insuline (insuline à jeun, HbA1c), ainsi que des tests génétiques et une évaluation clinique de la cognition.
La liste des analyses est longue, ce qui peut être décourageant, d’autant que le coût total est élevé. Dans le tout dernier livre de Bredesen, pas encore traduit, il propose, en plus de la cognoscopie, de procéder régulièrement à une analyse plus simple, incluant le PTA 217 (ou phospho-tau), le GFAP (protéine acide fibrillaire gliale), le NFL (neurofilament de chaîne légère), le ratio bêta-amyloïde 42:40 et le Syn-One, qui permettent de se faire une idée du niveau de risque, afin de déterminer si des investigations plus approfondies sont indiquées.
Une fois le risque, et les facteurs de risque identifiés, l’intervention peut commencer.
Ensuite, boucher les trous…
Les bases de l’intervention proposée par Bredesen peuvent donner l’impression de relever du bon sens. Après, tout il s’agit “simplement” de suivre un régime alimentaire (cétogène, centré sur les légumes et dense en nutriments), de pratiquer abondamment de l’exercice physique (soutenu, combinant force et cardio), de mesurer et soigner son sommeil (durée et qualité), de gérer son stress (et viser une VFC optimale), de stimuler son cerveau en le maintenant engagé et actif (par exemple avec BrainHQ), et de prendre des suppléments adaptés à ses besoins.
“Vivre (très) sainement”, en somme ?
Oui et non. Le niveau d’exigence requis pour le suivi rigoureux des prescriptions comportementales est élevé. Pour espérer prévenir ou inverser le déclin cognitif, le programme ne consiste pas seulement à “faire des efforts” dans ces différents domaines, mais à s’astreindre à un mode de vie remarquablement contraignant, bien au-delà de ce qu’implique une résolution de début d’année, même si, dans ses livres, le Dr Bredesen insiste aussi sur le nécessité d’équilibrer plaisir et discipline.
Et encore ne parle-t-on ici que de la base de l’approche, les piliers qui s’appliquent à tout personne désireuse de prendre soin de sa cognition. Il faut y ajouter toutes les réponses individualisées visant à “boucher les trous” propres à chaque patient, qui auront été identifiés après une cognoscopie. Si une analyse urinaire confirme par exemple qu’un état inflammatoire est lié à des mycotoxines, il s’agira, pour certaines personnes, d’aller jusqu’à déménager pour ne plus y être exposé. Une apnée du sommeil, une infection non-traitée causée par un piqûre de tique, des amalgames dentaires qui fuitent, un pré-diabète, des problèmes vasculaires, des carences en vitamine, un emploi trop stressant, un problème de perméabilité intestinale… La liste des contributeurs potentiels au déclin cognitif est interminable, et chacun d’entre eux peut, pour une personne donnée, jouer un rôle déterminant. Pour creuser ce sujet, je recommande le guide pratique, traduit en français, qui détaille l’ensemble du protocole.
Le récit que fait la patiente “zéro”, Judy / Kristin, dans cette vidéo enregistrée en 2022, soit 10 ans après sa visite du laboratoire du Dr Bredesen, donne une idée de l’exigence qu’implique le suivi de l’intervention. Il est tentant, lorsque les circonstances deviennent plus difficiles ou que le niveau de stress augmente, de se relâcher sur certains des aspects clés, comme le sommeil, l’alimentation et la prise de compléments alimentaires, ce qui peut entraîner des régressions sur le plan de symptômes:
Evidemment, comme c’est si souvent le cas en médecine, une intervention précoce aura beaucoup plus de chance de conduire à une amélioration rapide et durable des symptômes. En d’autres termes, agir au stade du TCS (trouble cognitif subjectif) vaut mieux que d’attendre l’arrivée du DCL (déficit cognitif léger), ou, pire encore, celle de la démence proprement dite. Le mieux est évidemment, et c’est le cœur du propos du Dr Bredesen, de prendre soin d’évaluer régulièrement ses risques, en commençant le plus tôt possible, puisque les processus conduisant au déclin cognitif peuvent déjà se manifester chez de jeunes adultes.
Ce qui ne veut pas dire qu’il soit jamais trop tard pour agir, ainsi que le raconte le Dr Heather Sandison.
“Comment le dire à tout le monde ?”
J’ai choisi de partager un extrait d’une interview du Dr Sandison, parce qu’elle illustre très bien l’incrédulité à laquelle continue de faire face le Dr Bredesen, alors même qu’il accumule les démonstrations de l’efficacité de sa méthode. Le Dr Sandison faisait initialement partie des sceptiques. Elle raconte ici, avec beaucoup d’émotion, l’expérience qui l’a convaincue que le protocole de Bredesen pouvait être efficace, y compris dans des cas d’Alzheimer avancé chez des patients âgés. J’ai choisi de la citer in extenso, parce que son témoignage illustre parfaitement le blocage idéologique qui a convaincu le monde médical qu’Alzheimer impliquait nécessairement une descente à sens unique vers la démence, tout au plus freinée temporairement par des traitements hors de prix:
“On m'avait répété sans cesse pendant ma formation que ce n'était pas possible, que c'était lui faire du mal que de suggérer à une personne atteinte de la maladie d'Alzheimer que nous pourrions l’aider .
C'était le refrain, et je l'ai gobé tout cru. Je pensais que c'était vrai. Mais comme l’approche du Dr Bredesen me semblait logique sur le plan conceptuel, je m'étais inscrite à sa formation.
Son livre était sorti. Il était devenu un best-seller du New York Times. Cela commençait à prendre de l'ampleur et à susciter de l'intérêt. Les gens ont commencé à se présenter dans mon bureau avec beaucoup plus de confiance que moi!
Cette patiente en particulier est venue avec son mari, dont elle dépendait entièrement. Elle pouvait répondre aux questions par oui ou par non, mais nous n'aurions pas pu avoir un dialogue constructif.
Je pouvais cependant voir les rouages de son cerveau tourner.
Elle avait ce sourire éclatant et magnifique et ses yeux vous suivaient du regard. On voyait juste qu'elle était là.L'un de ses passe-temps favoris était de se faire belle.Elle était vraiment passionnée par les vêtements. Elle portait cette magnifique robe à fleurs aux couleurs vives et elle avait ce sac en cuir noir clouté. J'ai pu voir qu'elle avait beaucoup de personnalité..
Son mari était absolument désespéré de la récupérer. J'ai suivi le protocole prévu et les ai accompagnés en suivant mes connaissances naturopathiques et le protocole du Dr Bredesen.
Nous avons commencé à équilibrer ses nutriments. Elle est arrivée avec quelques analyses, donc j'avais une idée des facteurs en cause. Ils ont adopté un régime cétogène. Ils sont allés lui faire soigner les dents. Ils vivaient dans une chambre affectée par des moisissures, et ils se sont installés dans leur salon pour échapper à une partie de cette exposition.
Ils ont commencé à danser au bal trois fois par semaine.
Et voilà que, lorsqu'elle est revenue nous voir, six semaines plus tard seulement, son score MOCA, qui est une manière standardisée de chiffrer le spectre du déclin cognitif, était passé de 2 à... 7 !
Un score MOCA parfait est de 30, et un score de 26 et plus est normal.
Elle était à 2.
Un score MOCA à un chiffre indique une démence sévère. C'était cohérent: elle pouvait à peine répondre aux questions. Sur cette feuille d'une page où vous identifiez les animaux du zoo et vous dessinez une horloge, copiez un cube. Elle ne pouvait pas accomplir la grande majorité de ces tâches. Seules 2 de ses réponses étaient correctes.
Ce jour-là est un jour que je n'oublierai jamais. Je me souviens de ce que je portais, de la lumière dans la pièce parce qu'il y avait juste... Sur le plan émotionnel, c'était tellement intense. J'ai vu la différence dans son score MOCA, et j'ai regardé son mari, incrédule, et lui ai dit: "Attendez, quoi ?", "avons-nous fait une erreur la dernière fois ?". "Ce n'est pas possible."
Et il m'a rassurée: "non, elle est différente."
Effectivement, elle parlait par phrases complètes. Elle pouvait communiquer, et ils se disputaient même à propos de quelque chose qui s'était produit en chemin, avant la consultation. Leur vie s'était radicalement transformée. Elle n'est pas retournée travailler, mais elle pouvait dire : “j'ai faim, j'ai froid, je suis fatiguée”. Elle pouvait communiquer et leur qualité de vie a radicalement changé.
Alors, la pensée suivante a été : “oh mon Dieu, si cela lui est possible, qu’est-ce qui le serait pour d’autres [moins lourdement atteints] ?
Quelle part de la souffrance associée à cette terrible maladie peut-on éviter ? Et comment le dire à tout le monde ?
C’était, donc, une autre “patiente zéro”. Qu’a fait par la suite le Dr Sandison ? Elle a, entre autres, rédigé l’étude que j’avais citée plus haut, la première à venir confirmer de manière indépendante les résultats obtenus par le Dr Bredesen. Elle a aussi écrit un livre dans lequel elle partage sa propre expérience du traitement réussi de la maladie d’Alzheimer.
Elle ne fait donc, elle, plus partie des sceptiques.
Mais des sceptiques, il en reste beaucoup.
“Nous ne pensons pas que les patients de votre étude souffrent réellement d’Alzheimer”
Dans cet autre extrait du documentaire Memories for Life, j’ai compilé quelques-unes des mésaventures vécues par le Dr Bredesen dans ses interactions avec la santé publique américaine, les associations de patients, et ses confrères, notamment ses grandes difficultés à obtenir du financement pour ses études. Il faut rappeler, pour commencer, quelques principes à ceux de mes lecteurs qui auraient dormi profondément durant la crise du Covid-19 et n’en auraient tiré aucune leçon sur l’influence de l’industrie pharmaceutique sur la santé publique.
Le marché de la démence est un énorme marché. Les médicaments actuellement prescrits ont beau être plus inefficaces les uns que les autres et souvent remarquablement toxiques, ils sont aussi très chers et profitables. Il est juste de dire que le traitement du Dr Bredesen représente une concurrence potentielle pour les entreprises pharmaceutiques. Le traitement qu’il propose montre des signes évidents d’efficacité, et il n’est pas possible de le breveter, puisqu’il s’agit d’une intervention systémique hautement individualisée n’impliquant la prise d’aucune molécule pharmaceutique spécifique. Son travail vient donc contrarier les intérêts de l’industrie pharmaceutique, mais aussi ceux de la communauté scientifique travaillant sur la base de l’hypothèse amyloïde.
Cela fait beaucoup de monde. En plus des chercheurs et des entreprises pharmaceutiques, il y a tout l’écosystème qui leur est lié : les revues prestigieuses, les institutions étatiques finançant la recherche, et souvent, malheureusement, les associations de patients et autres fondations. Dans l’extrait ci-dessus, le Dr Bredesen rapporte par exemple un échange consternant avec les représentants de l’Alzheimer’s Association américaine.
“J’ai reçu un appel de leur bureau central il y a quelques années. Ils m’ont dit: ‘nous ne pensons pas que les patients que vous avez présentés dans vos publications ont vraiment la maladie d’Alzheimer.’
Je leur ai répondu : ‘OK. Sortez le papier et vérifions chaque patient ensemble. Je vous montrerai comment chacun d’entre eux a prouvé qu’il avait la maladie d’Alzheimer.’
On les a donc tous passés en revue, et ils ont ensuite dit: ‘Oh’.
Et ça s’est arrêté là.”
Il est admis que l’Alzheimer’s Association américaine bénéficie de financement issu de l’industrie pharmaceutique, mais pas au point que cela puisse affecter son jugement dans de telles proportions. Le problème est plus fondamental. L’ensemble de l’écosystème médical tend à favoriser les nouvelles molécules pharmaceutiques, trop souvent sans que cela ne soit pleinement justifié par les principes de la fameuse evidence based medicine, ou médecine fondée sur les preuves.
C’est cette culture de la médecine fondée sur l’autorité et cette révérence pour le consensus, même quand il n’est pas fondé scientifiquement, qui permettent de comprendre une situation apparemment absurde : le rejet d’une intervention sûre, basée sur des mécanismes d’action plausibles, au bénéfice de résultats prometteurs, visant une maladie pour laquelle il n’existe aucun autre traitement permettant une rémission durable.
Il faudrait un autre billet (qui pourrait venir un jour) pour expliquer pourquoi, et comment, la “médecine fondée sur les preuves” est trop souvent devenue une “médecine fondée sur l’autorité”. Médecins et institutions, au lieu de se baser sur les données elles-mêmes, faute de temps et parfois d’expertise, se réfèrent à un “consensus” exprimé par une figure d’autorité épistémique (association professionnelle, directives nationales, revue prestigieuse, etc.), sans prendre la mesure de combien ce consensus est lui-même très souvent influencé par des intérêts financiers. Ainsi, même en l’absence de conflits d’intérêt avérés, les opinions ne se forgent que trop rarement en toute indépendance. Parmi les livres qui exposent le problème, je recommande aux lecteurs curieux de commencer par ceux de Marcia Angell et de Peter Goetzsche.
C’est cette culture de la médecine fondée sur l’autorité et cette révérence pour le consensus, même quand il n’est pas fondé scientifiquement, qui permettent de comprendre une situation apparemment absurde : le rejet d’une intervention sûre, basée sur des mécanismes d’action plausibles, au bénéfice de résultats prometteurs, visant une maladie pour laquelle il n’existe aucun autre traitement permettant une rémission durable.
Un biais systémique en faveur des produits pharmaceutiques
Tandis que les travaux du Dr Bredesen manquent de soutien, l’approbation réglementaire de médicaments coûteux et inefficaces se poursuit à un rythme soutenu, en dépit du bon sens. Au point que des revues médicales prestigieuses comme le British Medical Journal s’en étonnent, comme ici en 2024 à propos du Donanemab :
"Un nouveau médicament contre la maladie d'Alzheimer suscite l'enthousiasme malgré la surmortalité, l'absence de données sur la sécurité, l'efficacité douteuse et les conflits d'intérêts financiers des membres du comité consultatif "indépendant" qui ont recommandé son approbation."
La référence aux conflits d’intérêt est justifiée: pour l’une des molécules approuvées précipitamment par la FDA, 4 des 6 membres du comité consultatif qui a recommandé l’approbation avaient un lien d’intérêt direct avec les fabricants!
On mesure le bilan médiocre de cette recherche frénétique d’une molécule basée sur l’hypothèse amyloïde dans ce paragraphe d’un article de synthèse récent:
“N'ayant pas grand-chose d'autre à se mettre sous la dent, l'industrie pharmaceutique a englouti des milliards de dollars au cours des deux dernières décennies dans la recherche et le développement de médicaments anti-amyloïdes. De 2004 à 2021, les entreprises ont mis au point au moins 23 d'entre eux, qui se sont tous révélés inutiles, voire dangereux. Dans certaines études, la cognition des patients s'est détériorée ; dans d'autres, ils ont souffert d'effets secondaires graves, y compris des crises d'épilepsie persistantes, des encéphalites et la mort.”
Et pourtant, les acteurs majeurs dans le domaine de l’Alzheimer continuent de montrer plus d’intérêt pour ces molécules que pour le protocole du Dr Bredesen.
Et en Suisse ?
Dans ce contexte, je ne suis pas surpris que le Dr Bredesen se soit vu refuser à plusieurs reprises le financement de ses recherches, malgré son parcours académique et son expertise. Et je ne suis pas non plus étonné par le comportement de l’Alzheimer Association américaine.
Cela m’a toutefois conduit à m’interroger : quelle est la position, en Suisse, d’une association comme Alzheimer Suisse, par exemple ? Sur leur site, en tout cas, nulle mention du protocole Recode du Dr Bredesen, alors que les articles sur les traitements pharmaceutiques prometteurs ciblant l’amyloïde ne manquent pas. En réponse à un courriel, une représentante me précise que leur rôle n’est pas d’évaluer les thérapeutiques. Elle me renvoie ensuite à Swiss Memory Clinics, la faîtière des spécialistes de la mémoire en Suisse, qui n’évoque pas les travaux de Bredesen. Elle me fait aussi parvenir un lien, et un article.
Quoi de pire pour un malade d’Alzheimer condamné à perdre petit à petit son intégrité psychologique, entouré de proches désespérés, exposé aux effets secondaires de médicaments peu efficaces et parfois dangereux, quoi de pire, disais-je, qu’un faux espoir ? (oui, c’est un sarcasme)
Le lien renvoie à un article de la Société Alzheimer canadienne daté de 2023, intitulé “Le “Bredesen Protocol » : un faux espoir d’inverser le cours de la maladie d’Alzheimer”. Le titre est suffisamment explicite pour en comprendre la conclusion. Quels sont les arguments ? Après un premier commentaire sur le coût, et un autre sur le manque de formation supposé des intervenants proposant le protocole, l’article en vient à son principal argument, le manque de preuves de haute qualité: “ses recherches sont limitées, avec des articles qui partagent des histoires anecdotiques de 10 à 100 personnes.”
Primo, il est inadéquat de qualifier “d’histoires anecdotiques” des séries de cas publiées dans des revues scientifiques. Deuxio, pourquoi ne pas prendre en considération le projet pilote, déjà publié à l’époque de la rédaction de l’article ? Et finalement, parler de “faux espoir” pour une intervention prometteuse simplement parce qu’elle n’a pas encore fait l’objet d’un essai clinique contrôlé n’est pas adéquat non plus.
L’article académique en pièce jointe, daté, lui, de 2021, se borne à relever certaines des limites des données publiées jusqu’alors (soit il y a 4 ans). Entendons-nous: il est juste de relever que les données ne sont pas suffisantes pour conclure formellement à l’efficacité de l’intervention. Mais en se limitant à cet aspect, ces deux articles passent à côté du point essentiel : le Dr Bredesen n’a effectivement pas (encore) démontré qu’il avait trouvé un traitement efficace systématiquement contre l’Alzheimer, mais il a démontré que, pour certains sujets, il est possible de rétablir les fonctions cognitives après un diagnostic confirmé d’Alzheimer.
Je repense à cette citation de William James:
"Si l'on veut démontrer que la loi selon laquelle tous les corbeaux sont noirs est fausse, il suffit de prouver qu'un seul corbeau est blanc.”
Le Dr Bredesen a prouvé qu’une rémission durable d’Alzheimer était possible (il y a des corbeaux blancs, des patients dont le déclin n’est pas inévitable), et on lui reproche de ne pas encore avoir prouvé que tout le monde pouvait y parvenir de façon reproductible. Plutôt que de présenter aux patients et à leurs familles, avec les précautions d’usage, des informations sur cette intervention sûre et potentiellement salvatrice, on fait du factchecking approximatif et on s’indigne à l’idée d’offrir de “faux espoirs” à des patients auxquels on continue par contre de parler de la moindre nouvelle molécule de l’industrie pharmaceutique, quand bien même elle n’offre, dans le meilleur des cas, qu’un ralentissement momentané de la progression de la maladie.
Ah, le problème des “faux espoirs”.
C’est vrai, ça. Quoi de pire pour un malade d’Alzheimer condamné à perdre petit à petit son intégrité psychologique, entouré de proches désespérés, exposé aux effets secondaires de médicaments peu efficaces et parfois dangereux, quoi de pire, disais-je, qu’un faux espoir ?
Excusez-moi pour cet accès de sarcasme, mais je trouve cela consternant. Personne, au sein des ces associations, ne semble pour l’instant capable de prendre la mesure de l’irrationalité patente de cette position. Et ce manque de soutien de la part du monde médical et institutionnel complique indiscutablement le parcours des patients en quête de traitement, ne serait-ce qu’en limitant fortement leur accès à l’information.
Conclusion, et retour au bonobo
Nous saurons bientôt, à la fin de l’année en cours sans doute, si l’essai contrôlé en cours confirme ou non l’efficacité du protocole du Dr Bredesen. Je parie sur un succès, mais pas sur des résultats aussi spectaculaires que dans les séries de cas. Les patients présentés jusqu’ici dans les séries de cas étaient souvent des personnes exceptionnelles, avec suffisamment de ressources intellectuelles, financières, et aussi de motivation pour pouvoir s’investir pleinement dans la longue liste des prescriptions comportementales et alimentaires contraignantes dictées par le protocole.
Les caractéristiques de ces premiers sujets constituent effectivement un biais, et il est loin d’être certain que les résultats seront aussi bons avec des patients lambda. La question de la compliance à l’intervention, par exemple, peut faire dérailler dans un essai clinique ce qui aura bien fonctionné dans une série de cas. Il suffit de penser à un seul aspect de l’intervention, le régime alimentaire cétogène: combien d’entre nous sommes incapables de suivre un régime plus que quelques semaines ? Ici, il faut le faire sur le long terme, alors même que notre cognition est affectée et que l’on est soumis à un stress important.
Le Dr Bredesen, lui, voit encore plus loin dans son dernier livre. Plutôt que de se limiter à traiter ou prévenir la maladie d'Alzheimer, il envisage un monde dans lequel le déclin cognitif sous toutes ses formes pourrait être contré par une intervention ciblée et personnalisée, pour que le lifespan (la durée de vie) et le brainspan (“la durée de cerveau”) soient alignés chez tous ceux qui prendront les mesures nécessaires. Une bien belle vision que cette vie pleine de dignité, jusqu’au dernier souffle, pour tous. On peut rêver.
Dans l’intervalle, depuis que j’ai découvert mon statut APOE 4/4, je fais de mon mieux pour suivre le protocole Precode, le protocole préventif du Dr Bredesen, dont je peine (prévisiblement) à suivre strictement le volet alimentaire… Il est difficile, malheureusement, de trouver des médecins formés à cette approche en Suisse, même si je suis heureux d’avoir trouvé une nutritionniste qui a pu m’accompagner dans la mise en place d’une supplémentation et d’un régime adapté.
C’est justement parce qu’il était presque impossible de trouver un médecin localement que mon père et moi-même étions partis pour Berlin. Le MOCA score de mon père, plutôt bon finalement, justifiait-il ce déplacement auprès d’un médecin formé au protocole de Bredesen ?
Sans doute que non. Peu importe. Ce week-end père-fils fut un délice. J’ai redécouvert mon père, tout le contraire d’un vieux ronchon, curieux comme un enfant et capable de s’enthousiasmer pour tout, ne se plaignant jamais malgré la fatigue, déployant un allemand plutôt bien conservé pour discuter kebab avec la chauffeuse de l’Uber et enchantant son monde, petit bonobo compris, partout où il allait.
C’était bien.
Ce n’est pas l’Alzheimer qui a emporté soudainement mon père, quelques mois plus tard, mais ce tueur silencieux et très rapide qu’est le cancer du pancréas. Je suis très reconnaissant d’avoir pu vivre, juste avant une période très difficile pour lui et pour toute notre famille, cette espèce de parenthèse enchantée qu’aura été notre séjour à Berlin.
C’est un souvenir que je n’oublierai pas.
J’espère.
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Nutridetoxicologue, j’ai effectivement assister à des régressions de symptômes chez Alzheimer’s avec un changement alimentaire personnalisé, adressant l’inflammation chronique, les
Mondes bactériens, fongiques et parasitaires. Heureuse de lire votre article , merci beaucoup
Très intéressant, mais où trouver un médecin en France qui applique ce protocole.?
Merci